C’est une idée de poivrots qui aurait pu s’évaporer au matin. Nous étions trois jeunes reporters français accoudés à un bar de Berlin, avec des histoires à raconter et personne pour les publier. Nous avons créé Invendable, ça plaît, on s’en félicite.

Faute de préposés aux e-mails dans les rédactions, certains reportages ne voient jamais le jour, d'autres à moitié, pas comme on voudrait. Quand les publications ne suffisent pas aux journalistes et n’intéressent pas les lecteurs, on se dit qu’il y a un hic, que quelque chose échoue à traduire l'expérience sensible du monde. Ça manque d’espace et de folie.

On ne blâme personne, si ce n’est la rengaine qui voudrait que les lecteurs n’aiment pas lire, le manque de considération pour les mille nuances du récit et le manque d’enthousiasme en général. Dans Invendable, nous racontons les coulisses de nos reportages sous la forme de carnets de voyage. À proprement parler, ces textes ne sont ni du journalisme ni de la littérature, c’est entre les deux.

Nous traçons un petit chemin buissonnier, celui d'un grand magazine papier en un seul et tumultueux récit avec beaucoup de photos, qui s’achète vraiment pas cher et se vend sous le manteau. Nous voulons défendre un journalisme différent, qui parle à tout le monde, montrer la vie qui palpite, qui déborde, invendable.